Page:Tolstoï - Au Caucase.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
AU CAUCASE

probable que nul condamné à mort ne souffre dans sa dernière nuit comme j’ai souffert. Maintenant encore, bien que je me sente un peu mieux que cette nuit, il se passe quelque chose ici dedans, ajouta-t-il en désignant sa poitrine. Ce qui est ridicule, reprit-il, c’est qu’avec le terrible drame qui se joue ici on mange du hachis aux oignons, et l’on assure s’amuser beaucoup… Y a-t-il du vin, Nikolaïev, dit-il dans un bâillement.

— C’est lui, mes frères, fit en ce moment la voix enthousiaste d’un soldat.

Et tous les yeux se tournèrent vers la lisière de la forêt.

Au loin, étalé et emporté par le vent, s’élevait un nuage bleuâtre de fumée. Quand j’eus compris que c’était un coup de canon tiré sur nous par l’ennemi, tout ce qui se