Page:Tolstoï - Conseils aux dirigés.djvu/62

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aussi des milliers d’hommes qui évitent de servir les propriétaires fonciers et vivent de la vie chrétienne, c’est-à-dire, non pas chacun pour soi, mais en s’aidant les uns les autres, comme par exemple, en Russie, beaucoup de communautés chrétiennes, dont les Doukhobors, que je connais particulièrement.

La misère ne peut exister que dans une société où les hommes vivent selon la loi animale de la lutte des uns contre les autres. Dans une société chrétienne, la misère doit être inconnue. Dès que les hommes partagent entre eux ce qu’ils ont, il y a toujours assez pour tous de ce qui est nécessaire, et même il reste du surplus.

Comme le peuple qui écoutait les sermons du Christ avait faim, le Christ, sachant que quelques-uns avaient des réserves, ordonna à tous de s’asseoir en cercle, et dit à ceux qui avaient des réserves de les passer à leurs voisins, et à ceux-ci, une fois rassasiés, de passer le reste aux autres. Quand ils eurent fait tout le tour, tous étaient rassasiés et il y avait beaucoup de restes.