Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/114

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se crée une autre activité, contraire à la précédente : le soin de guérir les massacrés. Tout cela est bien, tant que la guerre, l’épuisement et l’oppression du peuple sont considérés comme normaux ; mais, aussitôt que nous prétendons plaindre les hommes tués pendant la guerre et ceux qui souffrent de la famine, ne serait-il pas plus simple de ne pas les tuer et, par conséquent, de ne pas inventer les moyens pour les guérir. Ne serait-il pas plus simple de ne pas priver le peuple de son bien-être que, tout en le faisant, faire semblant d’avoir souci de son existence ? Pendant les trente dernières années, presque dans toute notre société, il devint à la mode de professer l’amour pour le peuple, pour notre « frère cadet », comme on l’appelle ordinairement.