Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/128

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assez de nourriture. L’important est que personne ne m’a chargé de nourrir quarante millions d’hommes vivant sur un certain territoire et que, évidemment, je ne peux pas atteindre ce but extérieur : de nourrir et de sauver du malheur certains hommes déterminés, mais que je dois penser au salut de mon âme et que je dois rapprocher le plus possible ma vie de ce que m’indique ma conscience. Et je ne peux qu’une seule chose : employer, tant que je vis, mes forces au service de mes frères, considérant comme frères tous sans exception.

Et, chose étrange, une fois qu’on s’est détourné de la tâche qui consiste à résoudre les questions de la vie extérieure, une fois qu’on a oublié les quarante millions, le prix