Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/146

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de deux jours, en amène un troisième. Le staroste dit qu’il est surtout agréable à voir combien les jeunes enfants « aiment la betterave ».

« Le même staroste m’a raconté que quelquefois les mères amènent elles-mêmes leurs enfants, « elles disent que c’est pour leur donner du courage, mais, au bout d’un certain temps, elles se décident à manger un peu elles-mêmes ». En entendant ces récits, on comprend que ce n’est pas un mensonge, et qu’il est impossible de les inventer : peut-on dire alors que la famine n’est pas encore arrivée ? Nous savons bien que la bête féroce est à notre porte, mais le malheur est que cette bête fait irruption dans un si grand nombre de familles en même temps que nos provisions ne suffiront