Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/165

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gent, dans la plupart des cas, du pain pur, tandis que dans les familles riches presque tout le monde mange du pain avec de l’arroche, avec l’effroyable arroche verte de cette année[1].

Il arrive ainsi continuellement que, dans une famille riche, les membres plus forts supportent le pain mélangé avec de l’arroche, tandis que les faibles, les vieux et les petits, en deviennent malades et meurent.

  1. Le fait qu’on mange cette année de l’arroche ne peut s’expliquer d’une part que par la tradition qui dit qu’on en mangeait autrefois, ce que prouve le proverbe : « Ce n’est rien s’il y a de l’arroche dans le blé » ; et, d’autre part, par le fait qu’elle a poussé dans un champ de seigle et a été battue avec ce dernier. Il me semble que, si la tradition n’était pas là et si l’arroche n’était pas poussée dans un champ de seigle, on mélangerait au pain plutôt de la paille d’avoine, ou du son, que cette substance nuisible qu’on utilise partout.