Page:Tolstoï - La Famine, 1893.djvu/43

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venant soit des terres appartenant au paysan, soit de celles qu’il avait prises en fermage ; chaque meule donnant jusqu’à 9 mesures, il y avait en tout, en considérant les prix actuels, pour 300 roubles d’avoine. Il est vrai qu’il ne restait que peu de blé, à peu près 8 quarts ; mais, outre l’avoine, il y avait encore près de 40 quarts de pommes de terre, et il y avait du sarrasin. Pourtant, toute la famille, composée de douze personnes, mangeait du pain avec de l’arroche. On voit ainsi que ce pain n’était pas, dans ce cas, un signe de misère, mais tout simplement un moyen employé par un paysan économe pour qu’on mange moins de pain ; dans cette même intention, pendant les années d’abondance, un paysan économe ne donnera jamais à sa famille du pain