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Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/123

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personne de la Trinité — Jésus-Christ, d’après cette doctrine, par cela même que les hommes l’ont mis à mort, a racheté le péché d’Adam et a mis fin à cet état anormal qui durait depuis le commencement du monde. Et dès lors l’homme qui a foi en Jésus est redevenu ce qu’était le premier homme au paradis, c’est-à-dire immortel, innocent et oisif.

La doctrine ne s’étend pas trop sur la partie pratique de la rédemption en vertu de laquelle, après Jésus, la terre aurait recommencé, pour les croyants, à être partout fertile sans travail, les maladies auraient cessé et les enfants auraient commencé à naître de leurs mères, sans douleurs, parce qu’il est difficile d’assurer à ceux qui sont exténués par le travail excessif et assaillis par la souffrance, quelque croyants qu’ils soient, que le travail est léger et la souffrance inoffensive. Mais la partie de la doctrine qui proclame l’abrogation du péché est affirmée avec une force redoublée.

On y affirme que les morts continuent à être vivants. Et comme les morts ne peuvent témoigner qu’ils sont morts ni ratifier qu’ils sont vivants, comme une pierre ne peut pas affirmer qu’elle peut ou ne peut pas parler, cette absence de dénégation est admise comme preuve et on affirme que les hommes morts ne sont pas morts. On y affirme encore avec plus de solennité et d’assurance que, depuis la venue de Jésus, l’homme qui a foi en Lui est libre du péché, c’est-à-dire que, depuis la venue de Jésus, l’homme n’a plus besoin de s’éclairer dans la vie par la raison et de choisir ce qui est le mieux pour lui. Il n’a qu’à croire que Jésus a racheté ses péchés et le voilà infaillible, c’est-à-dire parfait. D’après cette doctrine, les hommes doivent se figurer que leur