Aller au contenu

Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

empêche de le commettre à l’égard des autres. Pareillement, quand il menaçait d’extermination les habitants de Ninive, il ne voulait pas les perdre ; car, s’il l’avait voulu, il aurait dû se taire, mais seulement les rendre meilleurs en leur faisant peur et renoncer à sa colère. De même pour ceux qui seraient assez audacieux pour vouloir arracher les yeux à quelqu’un. Il a décrété un châtiment pour que, s’ils ne voulaient pas s’abstenir eux-mêmes de ce forfait, la crainte, au moins, les empéchât d’ôter la vue à leurs semblables. Si c’est une cruauté, c’est également une cruauté de défendre le meurtre et l’adultère. Mais cela ne peut être que l’avis des fous, arrivés au dernier degré d’aberration mentale. Et moi, j’ai si peur d’appeler ces commandements cruels, que, fidèle au bon sens humain, je considérerais comme une iniquité tout ce qui serait en contradiction avec ce commandement. Tu dis que Dieu est cruel parce qu’il commande d’arracher œil pour œil, et moi je dis, que s’il ne l’avait pas commandé, alors beaucoup de gens auraient pu, avec plus de raison, l’appeler comme tu l’appelles. »

Jean Chrysostome reconnaît décidément que la loi « œil pour œil » est divine, et le contraire de la loi : « œil pour œil, » c’est-à-dire la doctrine de Jésus : « Ne résistez point au méchant, » une iniquité.

« Admettons, dit plus loin Jean Chrysostome, que toute la loi est abolie et que personne ne croit plus les punitions établies par la loi, que tous les vicieux soient libres de vivre selon leurs penchants, tous les libertins, les meurtriers, les voleurs, les parjures ; ne serait-ce pas une corruption générale ? Les villes, les