Page:Tolstoï - Quelle est ma vie ?.djvu/35

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en laquais, sans parler de cela, les dépenses nécessitées par cette soirée en gants, linges, bougies, thé, sucre et gâteaux montaient à cent fois la valeur du travail fait par ces dames. À la vue de tout cela, j’ai pu comprendre que je ne trouverais pas là de sympathies pour ma cause ; mais j’étais venu pour proposer mon affaire et, tout pénible que cela me fût, j’exposai la chose (je répétai presque la même chose que j’avais écrite dans mon article).

Parmi tous ces gens une seule personne m’offrit de l’argent, en me déclarant que sa sensibilité ne lui permettait pas d’aller visiter les pauvres elle-même ; mais elle donnait de l’argent ; combien et à quel moment elle ferait ce don, elle ne le dit pas. Une autre personne et un jeune homme m’offrirent leurs services pour visiter les pauvres, mais je ne profitai pas de leur proposition. Une personne à qui je m’adressai principalement, me dit qu’on ne pouvait faire grand chose parce qu’on ne disposait que de faibles ressources. Et celles-ci manquaient parce que tous les riches de Moscou étaient déjà en compte à ce sujet et qu’ils avaient donné tout ce qui leur avait été possible. D’autre part on avait déjà décerné à tous