Page:Tolstoï - Résurrection, trad. Wyzewa, 1900.djvu/596

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avoir envoyé, et pour quelque motif. Mais nous, nous avons décidé d’oublier cette évidence et de nous imaginer que nous n’avions à vivre que pour notre plaisir. Et nous nous étonnons, après cela, de souffrir et de nous sentir mal à l’aise, comme si ce n’était point la conséquence fatale de notre situation d’ouvriers se refusant à accomplir la volonté de leur maître. Et la volonté de notre maître, elle est exprimée dans ce petit livre.

« Cherchez le Royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par surcroît. Et nous, c’est le surcroît que nous cherchons, et nous nous étonnons de ne pouvoir le trouver !

« Oui, c’est bien cela qu’a été ma vie ! Mais désormais cette vie est finie, et une autre commence ! »


Et en effet, de cette nuit commença pour Nekhludov une vie nouvelle : et nouvelle non seulement parce que, cessant de penser tout à fait à lui-même, il s’efforça de ne plus vivre que pour servir les autres, mais nouvelle, surtout, parce que tout ce qui lui arriva depuis cette nuit, tout ce qu’il vit, tout ce qu’il fit, eut désormais à ses yeux une autre signification que par le passé.

Comment se terminera cette nouvelle période de sa vie, c’est ce que l’avenir montrera.


12 décembre 1899.


FIN