Page:Tolstoi et les Doukhobors.djvu/196

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heureux. Alors que les 1126 Doukhobors avaient déjà vendu tous leurs biens et étaient arrivés à Batoum pour franchir la frontière, le gouvernement anglais, qui ne montre jamais de ces exigences envers les immigrants, demanda une garantie d’argent de 625 fr. par personne, pour s’assurer qu’il n’aurait pas à entretenir les Doukhobors à ses frais. Les Doukhobors durent donc s’arrêter à Batoum. Leur situation était des plus critiques : les autorités russes exigeaient leur départ immédiat et, d’autre part, ils n’étaient pas en mesure de payer la garantie. Dans les milieux gouvernementaux, il y eut un homme politique qui lança un projet d’installation des Doukhobors dans la Mandchourie, en vue de la russifier ; et, en même temps, commençait dans la presse russe, même la plus libérale, une campagne contre l’émigration des Doukhobors, qui devait « compromettre la Russie aux yeux de toute l’Europe ». Les Doukhobors envoyèrent à Londres télégramme sur télégramme, et, dans cette circonstance encore, les Quakers agirent avec tant d’énergie qu’ils réussirent à faire abaisser la somme de garantie de 625 à 375 fr. par tête et obtinrent qu’une partie seulement de cette garantie fût versée