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Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/96

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venirs nous accompagneront pour charmer notre route ; le plaisir, ami de la marche, compagnon du mouvement, camarade assuré des haltes gagnées, des banquets conquis, le plaisir, qui fuit les blasés pour courir après les allègres, nous rattrapera, soyez-en sûrs, et nous aurons appris que c’est folie de s’abstenir de grives parce qu’on a tâté du faisan.

À moi, soldats ! et revolons aux Alpes ! Capoue nous avait amollis… Capoue nous avait communiqué ses langueurs… elle avait fait paraître à nos yeux Sagonte et Numance, ces glorieux théâtres de nos exploits d’autrefois, comme de vilaines bicoques, et Carthage elle-même comme un noir tombeau… Revolons aux Alpes ! Voici des rocs nus, qu’on les escalade ! d’âpres climats, des nuages tristes, d’éternelles glaces, qu’on les affronte ! Ainsi se retrempe le courage ! ainsi revient la vertu ! Les énervés ne règnent ni sur Rome, ni seulement sur eux-mêmes !

C’est dans cet esprit tout à fait antique qu’a été conçu notre itinéraire de cette année ; aussi forme-t-il une courbe tortueuse, montante, pas sablonneuse, mais assez malaisée. Pour commencer, le tour du mont Blanc et huit cols franchis dans l’espace de sept journées : les deux Forclaz, le col de Balme, ceux du Bonhomme, des Fours de la Seigne, de Ferret, de Fenêtre. Voilà certes de quoi déroidir les jarrets, maîtriser les souvenirs,