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Page:Torma - Le grand troche, sorite, 1925.djvu/16

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Combien faut-il de vers — de hameçons-poèmes
de ligne de fil blanc — pour que lecteur sans peur
tu ne ries pas de rire & ries de ne pas rire ?

Combien faut-il de jours pour faire la Grand’Nuit
Où le silence ne sera plus le suprême bruit
des bavards qui ont trop à dire ?

Combien faut-il de pas pour passer à trépas ?
Combien d’étrons faut-il pour l’odeur des lilas ?
Combien faut-il d’encens pour un assassinat ?
& combien de cerveaux pour faire un cervelas ?

Il en faut cinq — il en faut trois
il en faut cinquante-trois
ôtez-en trente — ôtez-en vingt
il en reste deux — il en reste un.

Combien faut-il de deux pour un duplicata ?
Combien faut-il de « moi » pour un Julien Torma ?
Combien de clins pour faire un œil ?
Combien de dieux pour faire un deuil ?
& combien de combiens — pour mon orgueil ?

Il en faut cinq — il en faut trois
il en faut pour les cancrelas
mettez en vente — parlez en vain
il en reste deux — il en reste un.

(Touchons du bois
ce n’est pas moi.)