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Page:Torma - Le grand troche, sorite, 1925.djvu/45

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LE LANGAGE DES FLEURS


L’opossum pince-sans-rire
a fait inscrire sur la grande pelouse du Parc Montsouris
en lettres de myosotis
Opossum nihil a me etc
Et les petits enfants viennent pisser sur les phlox

& les fleurs carnivores happent happent happent en douce les sexes de treize ans.


Claquez
claquez au vent municipal drapeaux
drapeaux en peaux de saucisson
oriflammes plantées en haut des tours de Chirico

car voici que les grosses gouttes de joie commencent à s’étaler sous la porte de ma chambre de bonne

voici qu’elles glissent les chéries comme de beaux crachats vivants

pendant que peu à peu essaient de s’accorder
les pizzicati de l’attente aux mouvements browniens du cœur.

Il y a des arcs-en-ciel un peu partout sauf dans le ciel
— sous le ciel
le ciel grouillant d’étoiles de mer
le ciel tapissé d’immenses décalcomanies obscènes
à travers la campagne des malheurs de Sophie
la campagne bombardée de boules puantes au muguet
sous le ciel passé au bleu de Mithylène

Archimède chasse les tourtenelles avec une carabine Eurêka —

& la confiture de ciel se tartine sur le monde