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Page:Toulet - Les Tendres Ménages, 1904.djvu/119

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profitai de notre voyage à Bordeaux pour aller voir dans son couvent cette charmante Isabelle Melly, dont c'est la vocation, je pense, qui avait été pour moi, deux ans avant, le chant de la sirène? Vous ne m'aviez pas accompagnée dans cette visite; elle fut touchante, quoique je n'en aie pas compris alors le sens complet. Car j'étais toute à mes brillantes joies, à ma soif d'un bonheur inépuisable et prochain. Ah! pauvre bonheur! Et si j'avais su, comme j'aurais envié ce calme que je prenais, chez Isabelle, pour de la froideur, la sérénité de son visage, ses regards limpides et contenus, et toute son existence mesurée, muette, pareille à la marche des aiguilles sur le cadran. Autour d'elle, des meubles nets, peu nombreux, semblaient harmonieux avec sa vie. Puis on me fit visiter le jardin, un jardin pour rire, entre des murailles noires, avec quelques arbres tout en tronc qui s'étirent dans du gravier, et un petit autel de la Vierge, en rocaille, avec des fleurs en papier et aussi de vraies fleurs.

«Isabelle toucha ces dernières de sa main