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Page:Toulet - Les Tendres Ménages, 1904.djvu/126

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des servantes, sous son propre toit,--ou encore cette malheureuse femme de notre régent, que son mari bat si fort quand il revient de courir la gueuse, qu'on dirait qu'il lui veut faire expier ses propres fautes?

«Au reste, quand je dis que les femmes sont trompées, ce n'est pas, pour la plupart, qu'elles l'ignorent, et ce n'est pas non plus qu'elles pardonnent par un effort du coeur. Mais la vie, peu à peu, les a mises dans cet heureux état d'indifférence où l'on prend les choses comme elles viennent, et surtout comme elles ne viennent pas. Et ne crois pas non plus à Francillon appliquant le «dent pour dent», ou à je ne sais quelle honteuse vengeance. Car, de l'homme à nous, la balance n'est pas égale, et en fait de trahison conjugale, si elle est mutuelle, c'est la femme qui a tout le tort. Mais veux-tu que je te dise le grand secret du mariage? C'est que la tendresse des époux n'y est qu'un moyen passager, quelque chose comme le luxe et les fleurs du vestibule chez les gens qui reçoivent; et, pour les femmes, au moins, le seul bonheur