Page:Toulet - Les Tendres Ménages, 1904.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

«Êtes-vous curieuse de nouvelles de Mme de San Buscar? Nous en avons les meilleures du monde. Elle est à Chicago, ou par là, avec son frère, qui est devenu du plus féroce despotisme. On prétend même qu'il la bat, ce qui est pousser un peu bien loin ce singulier esprit de famille qu'il montra toujours.»

De nouveau Sylvère cessa de lire, et promena ses regards à travers le paysage vaste et familier qui s'ouvrait devant elle. C'était, bien loin en contre-bas et jusqu'au Gave, dont la courbe luisait comme un cimeterre entre les feuillages arrondis, la plaine grasse, toute quadrillée de haies. Parfois la voix d'un travailleur traversait lentement l'espace, mourait: on n'entendait plus que le bruit léger de la brise dans la feuille des chênes, et le froissement continu de la rapide rivière contre les galets, au loin.

Par delà, sur la hauteur, un toit d'ardoises entre les arbres, c'était Ribes, et la maison paternelle, où elle venait de passer l'hiver, et qu'elle avait quittée depuis quelques jours pour s'installer à Hargouët. C'est, aussi, qu'on y