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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/194

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tête ; mais elle les a pris tout de même. Si vous saviez ce que ça rend vil, d’être mère ! Pour ses enfants, elle ramasserait de l’argent avec sa bouche — dans la boue.

— Comme vous dites, Nane. Mais ne pensez-vous pas qu’il aurait autant valu être charitable pour votre sœur, que pour le chien Cocktail.

— Parce que c’est ma sœur ? Mais, justement, il me semble que la charité qu’on fait par devoir, ce n’est plus de la charité.

Et Nane paraît comme frappée elle-même par la contondance de son argument.

— Moi, je crois, sans tant de profondeur, que pour vous être défendue aussi bien, il faut que vous teniez à votre galette.

— Je tiens à ma galette, moi !

Le reproche paraît l’émouvoir. D’un port indigné, elle marche à son bonheur-du-jour, l’ouvre et me tend un papier où je puis lire :


Reçu de mademoiselle Hannaïs Danois, la somme de *** cents francs, pour avoir un béguin pour l’ami de Mme Nane.

Signé : PRIMAVÉRILE DE VER.


Je demeure un peu chose sur le moment, et Nane, de son ongle dur et bombé me touchant l’épaule :

— Je vous donnerai, dit-elle, l’