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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/213

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Qui saura jamais pourquoi Nane, au contraire de ce qu’ont accoutumé la plupart de ses pareilles, était républicaine ? Comment s’était-elle défendue, parmi les cabarets les plus galants, de sucer le lait de ces opinions aristocratiques où excellent nos demi-mondaines ? Fut-elle séduite par la théorie hasardeuse de l’égalité humaine, ou seulement par ce goût naturel de la licence qui a converti au Régime tant de boulevards extérieurs ? Peut-être son berceau fut-il enchanté par de vieilles-barbes ; et les vit-elle, toute petite, tremper leur absinthe de larmes en disant des phrases sur le joug détruit des Badingueusards, ou qui s’esclaffaient à la lecture de Boquillon ?

Toujours est-il qu’en ces jours boueux il ne fallait point plaisanter Panama ; malgré que ce ne fût, ainsi qu’on le lui avait expliqué, qu’une vieille histoire de chapeau.

— Vous savez, lui disait quelquefois Eliburru,