Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/234

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— Oh ! c’est bien possible. — Un marin... Et Nane l’interroge.

— Té, répond cet homme, qui a une barbe bleu de Prusse et l’accent marseillais, té, c’est Henri~IV, qu’ils disent ici.

— Merci, Monsieur.

— Voyez-vous, moi, à Paris...

Mais il est obligé de s’interrompre pour la manœuvre de l’accostage ; et c’est ici que nous débarquons. En sorte que nous ne saurons jamais ce que lui, à Paris...

— C’est vrai. Nane, que vous êtes jolie comme tout, ces jours-ci. Et quand je songe que c’est M. Le Marigo, avec ses quarante-cinq ans, qui va moissonner toutes ces roses, comme lui-même dirait, et tous ces lys. Quel âge avez-vous ? Vingt-trois ans ?

— Quand vous aurez fini de m’acheter. Vous savez aussi bien que moi que j’ai trente ans.

— Trente ans, c’est de la folie ! Vous en avouiez tout juste vingt-cinq au dernier Réveillon.

Nane rougit, et gravit d’un trait, sans paraître alourdie par son grand âge, l’escalier du quai.

— Mon cher, reprend-elle, il y a tout un