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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/82

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— Maman, donne-nous donc un peu de cognac du baron, dit Nane.

— Ah ! tu t’en rappelles.

Et un instant après elle nous verse, hors d’un petit flacon à fleurs, une chose couleur d’ambre, très bonne, d’avant le phylloxera, certainement. Et moi que la mémoire de ce baron imprévu avait presque importuné d’abord ; moi qui l’avais situé tout de suite dans la haute banque et le culte mosaïque. Mosaïque ? non pas ; cet homme généreux dut être de race ancienne et catholique, digne de cantonner une croix de gueules de douze oiseaux couleur du temps. Et, d’un cœur échauffé par le noble jus de Saintonge, je lui fais d’intérieures excuses.

Nane, qui a une chambre ici, y est montée chercher je ne sais quoi ; nous restons seuls, madame mère et moi ; et je regarde les tableaux de première communion. Celui-ci, au nom d’Anaïs Garbut (souvenir précieux si vous êtes fidèle), doit être celui de mon amie Nane.

— L’autre, me dit-on, est celui de Clotilde, mon autre fille, l’aînée. Ah ! l’ai-je assez gâtée, celle-là ; et croyez que je le regrette bien.

— Est-ce qu’elle vous donnerait de l’ennui ?

— Pas précisément ; mais elle est restée