Aller au contenu

Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

irait-on pas au Louvre, surtout par les jours froids, comme il en fait un aujourd’hui ? Les salles y sont spacieuses, chauffées. Et puis il y a les gens qu’on y rencontre. De belles Londoniennes, d’abord, en étoffes bourrues, avec des gants amples, des souliers ronds — flanquées de leurs tristes époux. Et des Allemandes vêtues... ah vêtues comme les dames d’Hildburghausen ; sans omettre ces singuliers maris à lunettes, coiffés de vert, qu’elles ont. — Quelques Parisiens, aussi, rares comme la véritable amitié. Pour ne rien dire de ces provinciaux ahuris, dont parla jadis M. Élémir Bourges, et qui cherchent en vain, à travers les salles du Louvre, les magasins du même nom. Mais ce qu’il n’y a jamais, à moins de l’amener comme je fais aujourd’hui, c’est une Parigote un peu pelucheuse, caressante à l’œil, et qui glisse sans bruit sur les parquets ou les vastes dalles.

Et voici toute la tribu des pauvres diables, ouvriers inoccupés, éclopés, échappés de l’hôpital ou de la prison, mendigos sans poste, assemblés et causant à voix lente autour des bouches de chaleur ; ou bien assis en brochette, comme des oiseaux des îles, sur ces banquettes rouges dont il semble que la peluche soit