— Que faites-vous là ? demanda-t-il aux moujiks.
— Nous noyons un Français, batiouchka.
— Ah ! fit avec indifférence le pomiéstchik et il se détourna.
— Monsieur ! monsieur ! cria le pauvre diable.
— Hein ! dit la pelisse de loup indignée. Tu es venu en Russie, drôle, avec la lie des peuples, tu as mis Moscou en flammes ; maudit, tu as arraché la croix de la coupole d’Ivan le Grand, et maintenant : « Mossié, mossié ! » Tu as la queue basse, maintenant. C’est bien fait ! Fouette, Filka, fouette.
Les chevaux font un mouvement.
— Un moment, pourtant se ravisa le pomiéstchik. Eh ! mossié, sais-tu la musique ?
— Sauvez-moi, sauvez-moi, mon bon monsieur ! répétait Lejeune.
— Ah ! mon Dieu, quel peuple ! Pas un ne parle russe ! Miousique, miousique ; savez miousique, vous ? eh bien, parlez donc, savez miousique vous, forte piano savez ?
Lejeune comprit enfin ce que voulait le pomiéstchik et hocha la tête fortement.
— Oui, Monsieur, oui, oui, je suis musicien, je joue de tous les instruments possibles ; oui, Monsieur, sauvez-moi, Monsieur.