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Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/155

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sâmes. Sur le tard, pour me reposer, je m’allongeai sous un arbre : lui, se mit à faire l’exercice au fusil et me coucha en joue. Je le priai de cesser ce jeu. Mais l’inexpérimenté n’obéit pas, le coup partit et m’emporta l’index de la main droite et le menton.

Nous étions à Lgov, Vladimir et Ermolaï pensaient tous deux qu’on ne pouvait chasser sans bateau.

— Soutchok a un dostchanik[1], dit Vladimir ; seulement je ne sais où il l’a attaché, il faut aller le trouver lui-même.

— Qui donc ? demandai-je.

— Un homme qu’on a surnommé Soutchok[2].

Ermolaï suivit Vladimir chez Soutchok. Je leur dis de me rejoindre près de l’église. En examinant les tombeaux du cimetière, je fus attiré par une urne quadrangulaire, patinée du temps et sur un des côtés de laquelle on lisait en français : Ci-gît Théophile-Henri vicomte de Blangy, et du côté opposé, en russe : Sous cette pierre a été enseveli le comte de Blangy, sujet français qui, né en 1737, est mort en 1799. Il vécut en tout 62 ans.

  1. Bateau plat, radeau, formé de vieilles planches de barques.
  2. Bois sec.