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Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/181

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appartenait à une famille aisée et n’allait ainsi bivouaquer dans la steppe que pour son plaisir. Il avait une blouse d’indienne bariolée, bordée d’un liséré jaune et par-dessus un petit armiak[1] neuf, dont il n’avait pas passé les manches et qui tenait à peine sur ses épaules un peu étroites. À sa ceinture bleue pendait un peigne ; les bottes ne montaient que jusqu’à ses mollets.

Pavel avait les cheveux noirs et ébouriffés, des yeux gris, des pommettes saillantes, le teint blême, marqué de petite vérole, la bouche grande, mais régulière, la tête énorme, ou, comme on dit, grosse comme une chaudière à bière, le corps ramassé et trapu. On ne peut guère dire qu’il eût bonne mine et pourtant il me plut beaucoup. Son regard était franc, spirituel et dans sa voix vibrait la force. Son costume consistait en une chemise sordide et vulgaire avec des culottes rapiécées.

Le troisième, Iliouchka, était insignifiant. Sa figure allongée, son regard de myope, sa physionomie tantôt stupide, tantôt morbidement inquiète, ses lèvres serrées, ses sourcils rapprochés, son clignotement devant les feux, ses cheveux jaunes presque blancs, qui sortaient en mèches aiguës d’un bonnet bas en gros feutre et que sans cesse il renvoyait des deux mains derrière ses

  1. Sarrau en poil de chameau.