Aller au contenu

Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il s’était déjà écoulé trois bonnes heures depuis que je m’étais approché de ces enfants.

La lune parut. Je ne la vis pas d’abord tant elle était étroite et petite. Cette nuit sans clair de lune n’en avait pas moins été magnifique. Mais déjà beaucoup d’étoiles déclinaient vers l’extrémité sombre de la terre après avoir occupé les points les plus élevés de la voûte céleste. Le silence régnait comme toujours vers le matin. Tout dormait d’un puissant et immobile sommeil. L’air était moins imprégné de senteurs ; une humidité vague se répandait… elles ne sont pas longues, les nuits d’été !… La conversation des gamins s’éteignait avec leur feu… Les chiens mêmes sommeillaient, et les chevaux, autant que je pus voir aux vacillantes clartés des étoiles, étaient tous étendus par terre. Un faible assoupissement m’envahit, puis le sommeil.

Une brise fraîche courut sur mon visage, j’ouvris les yeux, le matin commençait. Ce n’était pas encore l’aurore empourprée, mais déjà l’Orient blanchissait et tout alentour commençait à se dessiner quoique confusément. Le ciel opale s’éclairait, se refroidissait, puis bleuissait. Les étoiles tantôt luisaient, tantôt s’éteignaient. La terre dégageait sa chaleur superficielle, les feuilles suintaient. Çà et là ré-