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Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/212

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— Mais comment irons-nous ?

— Nous irons.

— Mais l’essieu ?

— Veuillez monter.

— Mais puisque l’essieu est cassé…

— Cassé, oui… Mais nous gagnerons les Métairies… c’est-à-dire au pas, à droite, là, derrière le bois.

— Tu crois que nous irons jusque-là ?

Il ne daigna pas me répondre.

— J’aime mieux aller à pied, dis-je.

— Comme il vous plaira.

Il fit claquer son fouet, les chevaux se mirent en marche, nous atteignîmes, en effet, les Métairies, bien que la petite roue de gauche tînt à peine. En descendant un monticule, elle faillit achever de se disloquer ; mais mon cocher se pencha sur elle pour lui faire une petite scène, et tout se passa sans accident.

Les Métairies Ioudini consistent en six pauvres huttes toutes récentes et déjà déjetées. Les cours n’étaient pas toutes ceintes d’une haie. À notre arrivée, nous n’aperçûmes pas un être vivant. Il n’y avait de poules nulle part et point de chiens. Sauf un fantômal chien noir qui, sans aboyer, alla se cacher sous une porte cochère. Je poussai la porte d’une izba, j’appelai, per-