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Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/216

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— Trois verstes.

— Eh bien ! nous pourrons y aller sur ta telega. Partons donc.

— Mais non…

— Allons, dis-je, vieux, le cocher nous attend.

Le nain se leva de mauvaise grâce et sortit avec moi. Mon cocher était de mauvaise humeur. Il avait voulu abreuver les chevaux, mais le puits était presque à sec et le peu qu’il contenait d’eau était saumâtre, – l’eau, le plus précieux des trésors au dire des cochers. – Cependant, à la vue du vieillard, il sourit, hocha la tête et s’écria :

— Ah ! Kassianouchka, ça va bien ?

— Bonjour Yerofeï, homme juste, répondit Kassian d’une voix triste.

Je communiquai au cocher la proposition de Kassian ; Yerofeï consentit et introduisit notre telega dans la cour, où il détela les chevaux ; pendant ce temps, le vieux, accoté à la porte cochère, regardait d’un air sombre tantôt Yerofeï, tantôt moi. Il était évidemment pris au dépourvu et notre visite ne lui plaisait guère.

— On t’a donc, toi aussi, transféré ici ? lui dit Yerofeï, en rangeant la douga.

— Moi aussi.

— Ah ! marmotta mon cocher entre ses dents. Tu connaissais le charpentier Martine de Riabaïa.