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Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/245

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leurs redevances. J’avoue que je les aurais volontiers mis de préférence à la corvée. Il est d’ailleurs incroyable qu’ils parviennent à joindre les deux bouts… C’est leur affaire ! J’ai là un bourmistre très fort, un homme d’État, vous verrez… Comme tout cela tombe bien !…

Il n’y avait pas à s’en défendre. Mais, au lieu de partir à neuf heures, nous ne fûmes prêts qu’à deux heures de l’après-midi. Les chasseurs comprendront mon impatience. Arkadi Pavlitch aimant, comme il l’avouait, le confort, prit avec lui tant de linge, de vivres, d’habits, de coussins et tant de « nécessaires » qu’il y eût eu, pour un Allemand économe, de quoi vivre tout un an. À chaque relais, il faisait à son cocher d’énergiques et brèves recommandations, d’où je conclus que mon compagnon de voyage était un poltron. Au reste, tout se passa très heureusement, sauf que, sur un petit pont récemment réparé, la telega qui portait le cuisinier se renversa et l’une des roues de derrière lui foula l’estomac. Cet accident effraya fort Arkadi Pavlitch. Il fit demander si les mains du précieux domestique étaient intactes ; comme on répondit affirmativement, l’excellent homme reprit toute sa sérénité.

Cependant nous cheminions lentement. Assis