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Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/261

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me préparais à chasser. Jusqu’au moment de mon départ, M. Penotchkine parut bouder Sofron.

Je parlai à Anpadiste des paysans de Chipilovka et de M. Penotchkine et lui demandai s’il connaissait le bourmistre.

— Sofron Yakovlitch ? Comment donc !

— Et quel homme est-ce ?

— Ce n’est pas un homme, c’est un chien, et d’ici à Koursk on ne trouverait pas un chien aussi méchant que lui.

— Et pourquoi ?

— Mais, savez-vous ? Chipilovka lui appartient. Ce n’est que nominalement la propriété de M. Penotchkine. C’est Sofron qui possède.

— Vraiment ?

— Il possède Chipilovka comme son propre bien. Il n’y a pas un moujik qui ne soit endetté envers lui jusqu’au cou. Et il les fait tous travailler pour lui comme s’ils étaient ses serfs : il envoie l’un à l’oboze, l’autre ailleurs. Il les surmène…

— Je crois que le terrain leur manque.

— Allons donc ! Mais Sofron loue à ceux de Khlinov quatre-vingts déciatines et à ceux de notre endroit cent vingt, en voilà deux cents ! Et il ne trafique pas seulement des terrains, il fait commerce de chevaux, de bétail, de goudron