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Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/273

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reprit-il avec un sourire, n’est-ce pas bien écrit ?

— Mais oui, très bien.

— Ce n’est pas moi qui ai composé le papier, c’est Koskenkine… Il est très fort.

— Comment ? On compose donc les ordonnances chez vous avant de les écrire ?

— Sans doute, on ne peut pas les jeter comme cela tout droit sur le papier.

— Combien reçois-tu d’appointements ?

— Trente-cinq roubles et cinq en plus pour les bottes[1].

— Et tu es content ?

— Bien sûr. C’est une grande chance que d’être attaché au comptoir. Tout le monde ne peut pas y aspirer. J’ai été favorisé. Mon oncle est maître d’hôtel.

— Alors tu te trouves tout à fait bien ici ?

— À vrai dire, chez les marchands, on est mieux… Oh ! chez les marchands on est très bien ! Ainsi, hier soir, j’ai causé avec l’employé d’un marchand de Venev… du reste, je suis bien ici, il n’y a rien à dire…

— Est-ce que les marchands payent davantage ?

— Dieu garde ! Si tu oses lui demander des appointements, le marchand te chasse, un coup de poing sur la nuque. Non, près d’un mar-

  1. Par an.