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Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/306

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toi, attends un peu, nous te tiendrons un jour…

Le Biriouk se leva.

— Frappe ! frappe ! fit le moujik d’une voix enragée, voilà, voilà ! frappe ! frappe ! frappe !…

La petite fille se releva et regarda le moujik.

— Silence ! cria le forestier en faisant deux pas vers le moujik.

— Allons, allons, Foma, criai-je, laisse-le, qu’il reste avec Dieu !

— Je ne me tairai pas, continua le malheureux, ça m’est égal de mourir, assassin ! fauve ! Mais tu ne te pavaneras pas longtemps, attends un peu !

Le Biriouk lui posa ses mains sur ses épaules, je me précipitai au secours du malheureux.

— Ne bougez pas, bârine, nous cria le forestier.

Sans m’occuper de ses menaces, je tendais déjà le bras, quand, à mon grand étonnement, il détendit la ceinture qui serrait les poignets du moujik, le saisit par la nuque, lui enfonça son bonnet sur les yeux, lui ouvrit la porte et le poussa dehors.

— Va au diable avec ton cheval ! lui cria-t-il, mais prends garde une autre fois…

Il rentra et se mit à farfouiller dans un coin.

— Eh bien ! Biriouk, finis-je par dire, tu m’as étonné, tu es un brave homme…