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Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/319

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ment cela va-t-il, batiouchka ? hein ! Allons sur le balcon… Quelle belle soirée !

Nous passâmes sur le balcon, nous nous assîmes et nous nous mîmes à causer. Mardari Apollonitch regarda en bas, et je le vis tout à coup en proie à une vive émotion.

— À qui ces poules ? cria-t-il ; à qui ces poules qui courent dans le jardin ? Iouchka ! Iouchka ! va donc savoir à qui ces poules qui courent dans ce jardin ? à qui ces poules ?… Combien de fois j’ai défendu !… combien de fois j’ai dit !…

Iouchka courut.

— Quel désordre ! répétait Mardari Apollonitch ; c’est terrible !

Les trois malheureuses poules, deux tigrées, l’autre blanche et huppée, continuaient d’aller et venir sous les pommiers, en exprimant leurs impressions par un gloussement prolongé, quand tout à coup Iouchka, la tête nue, un bâton à la main et trois autres dvorovis adultes fondirent ensemble sur elles. L’affaire fut chaude. Les poules criaient, battaient des ailes, faisaient des sauts extraordinaires. Les dvorovis criaient aussi, couraient, tombaient. Le bârine, sur le balcon, hurlait comme un furieux : « Attrape ! attrape ! attrape ! attrape ! attrape ! attrape ! À qui