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Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/71

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tout cela dans le plus grand silence possible, en cachette ; vous regardez… il a disparu : tantôt il s’absente pour deux jours, et, bien entendu, personne ne s’occupe de cette absence ; puis, tout à coup, il se trouve qu’il est là, à l’abri d’une palissade, occupé à rassembler tout doucement des copeaux sous un vieux trépied de fer.

Son visage est petit, ses yeux jaunâtres, sa chevelure surabonde au-dessus des sourcils et aux tempes ; il a le nez très pointu et les oreilles larges, longues, transparentes comme celles de la chauve-souris, une barbe d’homme qui ne s’est pas rasé depuis quinze jours, jamais plus, jamais moins longue. Tel était le Stépouchka que je rencontrai sur la rive de l’Ista, assis près d’un autre vieillard.

Je les accostai, les saluai et m’assis à côté d’eux. Dans le compagnon de Stépouchka, j’avais distingué une figure qui m’était aussi connue. C’était un affranchi du comte Petr Illitch... ; son nom était Mikhaïlo Savelev, surnommé Touman (le Brouillard). Il demeurait chez le mestchanine phtisique de Bolkhovo, aubergiste ; je descendais souvent dans son auberge. Ceux qui passent par la grande route d’Orel : jeunes fonctionnaires et autres oisifs, ―