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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/108

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gauche deux gants épais de peau de chamois ; il avait donné à sa cravate plus d’ampleur encore qu’à l’ordinaire, et piqué dans son jabot empesé une épingle surmontée d’un œil-de-chat. Un anneau représentant deux mains jointes sur un cœur embrasé ornait son index.

Toute la personne du vieillard répandait un parfum de camphre, de moisi et de musc mélangé ; l’air d’importance de tout son être aurait frappé le spectateur le plus indifférent.

Sanine vint au devant de Pantaleone.

— Je vous servirai de témoin, dit l’Italien en français.

Il s’inclina devant Sanine, ployant tout son corps en deux et en écartant les pointes de ses bottes, à la manière des danseurs.

— Je suis venu pour recevoir vos instructions. Avez-vous l’intention de vous battre jusqu’à la mort ?

— Pourquoi jusqu’à la mort ? mon cher monsieur Cippatola… Pour rien au monde je ne reprendrai ma parole, mais je ne suis pas un buveur de sang… Attendez d’ailleurs, le témoin de mon rival ne doit pas tarder à venir… Je