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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/121

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quement ; la chambre n’était pas éclairée, et le jeune Russe distingua dans la baie noire de la croisée une forme féminine. Une voix appela :

— Monsieur Dmitri !

Il courut sous la fenêtre.

C’était Gemma !

Elle s’appuya sur l’allège et se penchant en dehors, dit d’une voix circonspecte :

— Monsieur Dmitri, toute la journée j’ai désiré vous remettre quelque chose… et je n’ai pas osé… Mais, en vous voyant à l’improviste comme cela, j’ai pensé… que c’est la destinée…

Elle s’interrompit. Elle ne pouvait plus parler…

Tout à coup, au milieu du silence absolu, sous un ciel sans nuages, une bourrasque de vent s’était abattue, si violente que le sol trembla ; la pure clarté des étoiles oscilla et s’effaça ; l’air tourna sur place… Le souffle chaud, presque torride de la rafale courba les cimes des arbres, ébranla le toit de la maison, les murs, secoua toute la rue.

Le vent emporta le chapeau de Sanine,