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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/13

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tiroirs, il ouvrit tout à coup largement les yeux ; il sortit lentement un petit coffret octogonal, de forme ancienne, et lentement souleva le couvercle. Dans la boîte, sur une double couche d’ouate jaunie se trouvait une petite croix de grenat.

Il considéra quelques instants avec surprise cette croix, puis, tout à coup, il poussa un faible cri.

Ses traits exprimèrent du regret et de la joie.

C’était l’expression d’un homme qui rencontre subitement un ami, qu’il a longtemps perdu de vue, mais qu’il a tendrement aimé, et qui tout à coup lui apparaît, toujours le même, mais changé par l’âge.

Sanine se leva et, revenant à la cheminée, s’assit de nouveau dans le fauteuil, et pour la seconde fois se couvrit le visage de ses deux mains.

« Pourquoi cela arrive-t-il aujourd’hui ? » se demanda-t-il.

Et il se rappela des choses depuis longtemps passées.

Voici les souvenirs évoqués par Sanine.