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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/138

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qui était resté de côté assis sur un tronc renversé, se leva, vida la cruche, et se dirigea d’un pas indolent vers la route.

— L’honneur est satisfait, et le duel est fini ! déclara von Richter.

Fuori (Fora !) cria encore Pantaleone par réminiscence de ses anciens rôles.

Après avoir échangé des saluts avec messieurs les officiers et être remonté en voiture, Sanine, s’il n’éprouva pas un sentiment de plaisir, se sentit tout au moins plus léger, comme après une opération chirurgicale. Mais en même temps une autre impression le bouleversa, vive comme un sentiment de honte. Ce duel dans lequel il venait de jouer un rôle, lui apparut comme quelque chose de faux, de conventionnel, de banal, une plaisanterie d’étudiant et d’officier. Il pensa au médecin flegmatique et se rappela comme il avait souri en les voyant, lui et le baron Daenhoff, après le duel, presque bras dessus, bras dessous… Il revit Pantaleone payant à ce même médecin les quatre louis… Non, non, tout cela n’était pas beau !

Sanine se sentait un peu honteux. Pourtant