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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/145

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Ce ne fut pas Gemma, mais sa mère qui entra.

Frau Lénore se laissa choir sur une chaise et fondit en larmes.

— Qu’avez-vous, ma bonne, ma chère madame Roselli ? demanda Sanine.

Il s’assit près d’elle effleurant ses mains d’une pression amicale.

— Qu’est-il arrivé ? Calmez-vous, je vous en prie.

— Monsieur Dmitri, je suis très… très malheureuse !

— Vous êtes malheureuse ?

— Oh ! bien malheureuse ! Et pouvais-je m’y attendre ?… C’est arrivé tout à coup… Comme un éclair dans le ciel bleu…

Elle respirait péniblement.

— Mais qu’est-il arrivé ? Dites-le moi ? Voulez-vous un verre d’eau ?

— Non, je vous remercie.

Frau Lénore passa son mouchoir sur ses yeux et se remit à pleurer.

— Je sais tout… tout… dit-elle.

— Tout ? Que voulez-vous dire ?

— Tout ce qui s’est passé aujourd’hui… J’en