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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/147

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ment… Il ne s’attendait pas à cette nouvelle.

— Sans parler, continua Frau Lénore, que c’est une honte pour la famille, que jamais chose pareille ne s’est vue en ce monde : une fiancée rompre avec son fiancé !… Mais pour nous tous, monsieur Dmitri, c’est la ruine…

Frau Lénore roula soigneusement son mouchoir en un tout petit peloton, comme si elle voulait y enfermer toute sa douleur.

— Nous ne pouvons plus vivre avec ce que rapporte le magasin, continua-t-elle… et M. Kluber est très riche… et il sera encore plus riche !… Et pourquoi ne veut-elle plus de lui ? Parce qu’il n’a pas pris la défense de sa fiancée ?… J’admets que ce n’est pas très joli… Mais M. Kluber est un civil… il n’a jamais été étudiant… et en sa qualité de négociant sérieux il devait mépriser une légère gaminerie d’un petit officier, qu’il ne connaît même pas… Et que voyez-vous là d’outrageant, monsieur Dmitri ?

— Permettez, Frau Lénore, je serais en droit de penser que vous m’en voulez ?…

— Je ne vous en veux nullement, non ! Non,