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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/171

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délicieux en ce monde ? Me promener avec vous… Mais c’est parfait !… Pour sûr, je viendrai !…

— Et si l’on ne te laisse pas venir ?

— On me laissera…

— Écoute !… Ne dis pas là-bas que je t’ai invité pour toute la journée…

— À quoi bon dire cela ?… Je viendrai sans en souffler mot à personne… Le grand mal !

Emilio embrassa Sanine avec effusion et partit…

Sanine arpenta longtemps sa chambre et se coucha tard.

Il se livra de nouveau à ces sentiments doux et pénibles à la fois, à ces ivresses joyeuses qui assaillent à la veille d’une nouvelle vie.

Sanine était fort content d’avoir eu l’idée d’inviter Emilio à passer la journée avec lui. Le jeune garçon ressemblait à sa sœur.

— Il me la rappellera ! pensa Sanine.

Ce qui frappait le plus Sanine, c’était le brusque changement qui s’était opéré en lui. Il lui semblait qu’il avait toujours aimé Gemma — et de ce même amour qu’il éprouvait en ce jour.