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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/178

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Comme le cœur de Sanine battit ! Avec quel bonheur, sans une minute d’hésitation il obéit à Gemma.

Et quelles joies inexprimables ce lendemain unique, inespéré et certain ne lui promettait-il pas ?

Sanine couva des yeux le billet de Gemma.

La longue et élégante queue de la lettre G dont l’initiale se trouvait en haut de la feuille lui rappelait les doigts élégants et la main de Gemma…

Il songea tout à coup qu’il n’avait pas encore une seule fois effleuré cette main de ses lèvres.

Les Italiennes, pensa-t-il, contrairement à l’opinion générale, sont chastes et sévères… Quant à Gemma elle l’est encore plus que toutes les autres…

Oh ! reine… déesse, marbre virginal et pur !…

« Mais le temps viendra… il n’est pas éloigné… »

Cette nuit il y eut à Francfort un homme heureux… Il dormait ; mais il aurait pu répéter les paroles du poète :