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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/202

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Sanine s’empressa d’ajouter que la séparation ne serait que temporaire et que peut-être même on trouverait moyen de l’éviter.

Sanine recueillit aussitôt les fruits de son éloquence. Frau Lénore consentit à le regarder bien qu’avec une expression de douleur et de reproche, mais la colère et le dégoût avaient disparu.

Elle continua à se plaindre, mais ses récriminations étaient plus modérées et plus douces, elle les entrecoupait de questions adressées tantôt à Sanine, tantôt à Gemma. Elle permit au jeune Russe de lui prendre la main et ne la retira pas tout de suite. Elle se remit à pleurer, mais ce n’étaient plus les mêmes larmes. Enfin elle eut un sourire triste et de nouveau exprima le regret que Giovanni Battista ne fût pas là pour voir ses enfants…

L’instant d’après, les deux criminels, Sanine et Gemma, étaient à genoux à ses pieds, et elle posait sa main sur leurs têtes ; encore un petit moment et les deux jeunes gens embrassaient Frau Lénore, tandis qu’Emilio accourait dans la chambre, le visage rayonnant de bonheur, et embrassait le groupe si étroitement enlacé.