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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/209

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des fourrures d’astrakan, dit Frau Lénore… J’ai entendu dire que l’astrakan est remarquablement bon et pas cher du tout.

— Avec le plus grand plaisir, j’en apporterai aussi à Gemma…

— Et à moi un bonnet de cuir de Russie brodé d’argent, dit Emilio en passant sa tête à la porte de l’autre chambre.

— Très bien… je te l’apporterai, et des pantoufles pour Pantaleone.

— À quoi bon ! À quoi bon ! reprit Frau Lénore. Mais parlons de choses sérieuses… Vous dites, ajouta-t-elle, que vous vendrez la propriété… vous vendrez aussi les paysans ?

Sanine sentit comme un aiguillon qui le piquait. Il se souvint que lorsqu’il avait causé du servage avec madame Roselli et sa fille, il avait déclaré que cette institution lui semblait coupable et que pour rien au monde il ne vendrait ses serfs parce qu’il trouvait ce trafic immoral.

— Je m’efforcerai, dit-il non sans trouble, de vendre ma propriété à quelqu’un que je connaîtrai bien, et qui sera humain, ou peut-être que mes moujicks voudront se racheter.