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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/254

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— Vous êtes de quel gouvernement ?

— Du gouvernement de Toula.

— Nous sommes vous et moi de la même auge ! Mon père… Mais savez-vous qui était mon père ?

— Oui, je le sais.

— Il est né à Toula… Assez là-dessus…, maintenant passons aux affaires.

— Comment aux affaires ?… Que voulez-vous dire ?

Maria Nicolaevna cligna des yeux.

Quand elle clignait des yeux son regard prenait une expression caressante et légèrement moqueuse ; quand elle les ouvrait tout grands, leur lueur claire, presque froide, n’annonçait rien de bon…, presque une menace. Ses yeux étaient embellis surtout par ses sourcils bien fournis, un peu proéminents, de vrais sourcils de martre.

— Mais dans quelle intention êtes-vous venu ici ? Vous désirez me vendre votre propriété ? Vous avez besoin d’argent pour votre mariage, n’est-ce pas ?

— Oui, j’ai besoin d’argent.

— De beaucoup d’argent ?