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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/60

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tenue par une ceinture de cuir noir ; elle semblait aussi un peu lasse ; elle était légèrement pâle, des cercles noirs entouraient ses yeux, sans pourtant leur enlever leur éclat, et cette pâleur ajoutait un charme mystérieux aux traits classiquement sévères de la jeune Italienne.

Cette fois Sanine fut surtout frappé par la beauté élégante des mains de la jeune fille. Lorsqu’elle rajustait ou soulevait ses boucles noires et brillantes, Sanine ne pouvait arracher ses regards de ces doigts souples, longs, écartés l’un de l’autre comme ceux de la Fornarine de Raphaël.

Il faisait extrêmement chaud dehors ; après le déjeûner Sanine voulut se retirer, mais ses hôtes lui dirent que par une pareille chaleur il valait beaucoup mieux ne pas bouger de sa place ; et il resta.

Dans l’arrière-salon où il se tenait avec la famille Roselli, régnait une agréable fraîcheur : les fenêtres ouvraient sur un petit jardin planté d’acacias. Des essaims d’abeilles, des taons et des bourdons chantaient en chœur avec ivresse dans les branches touffues des