Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/205

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reprit-elle, on n’est pas encore descendu à pareil scandale. C’est parce que c’est plus loin de Paris. Vous partagez cette opinion, n’est-il pas vrai, Grégoire Mikhailovitch ?

— Moi ? répondit Litvinof, en se disant : « De quoi diable parle-t-elle ? » Moi ? sans doute… bien certainement…

En ce moment on entendit un pas mesuré, et Potoughine s’approcha du banc. — Bonjour, dit-il à Grégoire Mikhailovitch, en souriant et secouant la tête.

Litvinof le prit tout de suite par la main. — Bonjour, bonjour, Sozonthe Ivanovitch, il me semble que je viens de vous rencontrer avec… il y a un moment, dans l’allée.

— Oui, c’était moi.

Potoughine salua respectueusement les dames assises sur le banc.

— Permettez-moi de vous présenter à de bonnes amies, à des parentes qui viennent d’arriver à Bade. — Potoughine Sozonthe Ivanovitch, un de mes compatriotes, également un hôte de Bade.

Les deux dames s’inclinèrent. Potoughine répéta ses saluts.

— C’est un véritable raout, commença d’une voix de fausset Capitoline Markovna ; l’excellente vieille fille avait de la timidité, mais tenait par-dessus tout à ne pas la montrer. — Tous croient de leur devoir de venir ici.

— Bade est, en effet, un agréable séjour, répondit