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Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/266

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— Qu’avez-vous, Irène Pavlovna ?

— Emmenez-moi, lui répéta-t-elle avec une énergie croissante, si vous ne voulez pas que je reste là pour toujours.

Potoughine inclina humblement la tête et tous deux s’éloignèrent.

Le lendemain matin, de bonne heure, Litvinof était sur le point de se mettre en route, lorsque Potoughine entra chez lui. Il s’approcha de lui et lui serra la main sans mot dire. Litvinof gardait également le silence. Tous deux avaient la mine contrainte et faisaient de vains efforts pour sourire.

— Je suis venu vous souhaiter un heureux voyage, balbutia enfin Potoughine.

— Et comment savez-vous que je pars aujourd’hui ? demanda Litvinof.

Potoughine examina attentivement le plancher… — Cela m’était connu… comme vous voyez. Notre dernier entretien a fini par prendre une si étrange direction… Je n’ai pas voulu vous laisser partir sans vous exprimer ma sincère sympathie.

— Vous avez maintenant de la sympathie pour moi ?… quand je pars…

Potoughine regarda tristement Litvinof. — Ah ! Grégoire Mikhailovitch, Grégoire Mikhailovitch, commença-t-il, avec un gros soupir, il ne s’agit plus entre nous de recourir aux finesses et aux réticences. Voyons, vous ne me semblez pas être familier avec notre littérature nationale, et vous n’avez sans doute pas idée de Vaska Bouslaéf ?