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PREMIER AMOUR

en commençant par la liberté même dont jouissait la jeune fille, la conscience qu’elle avait de sa supériorité sur son entourage, avaient développé en elle une sorte de dédain qui la rendait peu exigeante.

S’il arrivait, par exemple, que Vonifati rapportât qu’il n’avait pas de sucre, ou bien que quelque désagréable commérage se fît jour, ou qu’une querelle eût lieu entre invités, elle ne faisait qu’agiter ses boucles en disant : « Des vétilles ! » et ne s’en inquiétait pas davantage.

En revanche, je sentais mon sang bouillonner en moi quand Malevsky s’approchait d’elle en se balançant avec la ruse d’un renard, s’accoudait gracieusement sur le dos de la chaise où elle était assise et se mettait à murmurer à son oreille avec un petit sourire suffisant et obséquieux ; tandis qu’elle, les bras croisés sur la poitrine, le regardait atten-